Le Temps Ordinaire
(années A)
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Les dimanches
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Deuxième dimanche
Introduction
"Vraiment,
je ne le connaissais pas - jusqu'au jour où telle parole, tel geste,
m'a soudain révélé sa véritable et profonde personnalité, son mystère"...
Un tel constat s'impose assez souvent à propos de personnes fréquentées pendant de longues années, voire depuis l'enfance.
Cette
expérience commune a été faite - à combien plus forte raison! - par
ceux qui ont approché Jésus de près, à commencer par Marie, sa mère (Lc 2,50).
Il
ne faut donc pas s'étonner d'entendre Jean le Baptiste dire avec
insistance en parlant de Jésus: "Je ne le connaissais pas". Il en avait
certainement, au moins, entendu parler avec admiration par ses parents.
Il pressentait sans doute que le fils de Marie n'était pas "n'importe
qui", peut-être même que Dieu avait des vues particulières sur ce
cousin né quelques mois après lui.
Mais il a fallu la théophanie (="manifestation divine") du baptême (voir cette page) pour que le Précurseur voie en Jésus "le Fils de Dieu", "l'Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde". Et - même si cette révélation initiale n'a pas préservé le Précurseur d'interrogations et d'hésitations ultérieures (voir Mt 11,2-3 à cette page) - elle a une telle importance que l'Évangile
a voulu que les chrétiens la gardent en mémoire. Ils doivent en effet
s'y référer sans cesse en songeant à leur propre baptême, sans pour
autant s'étonner de connaître des moments de doute ou de perplexité.
Pour le croyant comme pour l'Église, le vrai visage de Jésus ne se
dévoile en effet que peu à peu, au cours d'un itinéraire de foi parcouru lentement, laborieusement. C'est ainsi pour tous - même pour ceux qui ont eu la grâce d'une révélation fulgurante.
Au long des siècles de l'attente,
l'Esprit a permis à ces grands voyants appelés Prophètes d'esquisser
les traits du Serviteur que Dieu enverrait pour que son salut parvienne
jusqu'aux extrémités de la terre.
Relus aujourd'hui, leurs oracles
prennent tout leur relief et éclairent d'une lumière venue du fond des
temps les traits du Seigneur auquel le Baptiste a rendu témoignage.
Si les chrétiens savent que Dieu sanctifie "dans le Christ Jésus" "tous ceux qui invoquent le nom de son Fils", que "la
grâce et la paix" de Dieu sont avec eux, personne ne peut cependant
prétendre pleinement "connaître" le Seigneur avant le temps du face à
face espéré (1Co 13,12 à cette page). Pour ferme qu'elle soit, la profession de foi doit rester humble!
Textes
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Troisième dimanche
Introduction
La liturgie de ce dimanche introduit remarquablement à la lecture suivie de l'Évangile selon saint Matthieu, et à la célébration de l'ensemble des dimanches du "Temps ordinaire" de cette année.
Au moment où cesse de retentir la voix de Jean le Précurseur apparaît Celui que les prophètes ont annoncé.
Lorsque Jésus commence à prêcher une "grande lumière" se lève sur ceux qui habitent "le pays de l'ombre et de la mort".
Le
Royaume des cieux - où les habitants, libérés du joug des anciennes
oppressions, peuvent enfin rayonner d'une allégresse sans réticence -
est proche.
Jésus parcourt la Galilée en proclamant un Évangile
de conversion, un enseignement à mettre en pratique - dont il confie la
diffusion à des hommes qui, sans hésiter, quittent tout pour le suivre.
Proclamée
initialement dans les bourgades d'une province où se côtoyaient
croyants et païens, la Bonne Nouvelle, annoncée au monde entier,
retentit aujourd'hui parmi nous.
Ce n'est plus dans une sagesse humaine qu'il faut rechercher le salut.
Par
ailleurs, s'inféoder à qui que ce soit, fût-ce le prédicateur à qui
l'on doit la découverte de l'Évangile, suscite fatalement des coteries
- toujours préjudiciables à l'harmonie de la communauté ecclésiale, et
qui, en s'exacerbant, engendrent des schismes.
Il en va de même lorsqu'un groupe de chrétiens
s'arroge l'exclusivité de l'appartenance au Christ: cela revient à
"diviser" Celui qui est mort pour rassembler tous les enfants de Dieu
dispersés.
Il n'y a qu'un seul baptême, une seule foi, un seul Dieu et Père de tous.
De la prophétie d'Isaïe au récit évangélique du
début de la prédication de Jésus, en passant par l'exhortation de saint
Paul à l'unité, tout, dans la liturgie de ce dimanche, tourne le regard
vers notre présent.
La lumière annoncée depuis longtemps a resplendi, donnant à chacun la possibilité de sortir des ténèbres.
La Bonne Nouvelle ouvre à tous les chemins de
la conversion à Dieu et du salut, qui repose sur le Christ mort en
croix - et non sur la confiance illusoire mise en des hommes.
Contrairement à la sagesse humaine accessible à
quelques-uns seulement, le message évangélique est proposé à tous, à
commencer par les plus petits et les plus simples.
C'est autour du Seigneur Jésus qu'il faut se rassembler, comme on le fait dans la liturgie.
Textes
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Quatrième dimanche
Introduction
Dieu, défenseur attitré des ענוים ‛ânâwim,
les pauvres, les petits, les opprimés, tous ceux que le monde méprise,
se range toujours à leur côté. C'est ce qu'enseigne la tradition
prophétique.
Sophonie
témoigne en outre d'une conception religieuse de la pauvreté. Faite de
disponibilité, d'accueil, d'ouverture au don de Dieu - seul susceptible
de combler les besoins les plus profonds du cœur humain, elle préserve
de la peur du "Jour du Seigneur". Bien plus: les pauvres dont parle le
prophète constituent le noyau, le "petit Reste", sur lequel Dieu prend
appui pour la poursuite de son plan de Salut.
De
là découle le courant de spiritualité biblique des "pauvres du
Seigneur". Il a inspiré bien des psaumes et des chants - jusqu'au Magnificat (voir à cette page, Lc 1, 46 et note) de Marie. Mais seul Jésus, le "doux et humble de coeur" (Mt 11,29) accomplit en perfection cet idéal.
Les
Béatitudes évangéliques se situent dans ce courant. Saint Matthieu, en
les plaçant au début de la prédication du Seigneur, en fait comme la
toile de fond de tout l'enseignement de Jésus. Il ne s'agit pas à
proprement parler d'une loi, ni même d'une "charte de la vie
chrétienne"; les Béatitudes tracent une route à tous les chercheurs de
Dieu. S'engager sur cette route, c'est pour eux avoir dès aujourd'hui
l'assurance d'entrer avec le Christ dans le Royaume des cieux.
"Pauvres
et purs de coeur, affligés, avides de justice, miséricordieux,
persécutés, insultés, calomniés": ces manières de parler n'altèrent
nullement le caractère dynamique des Béatitudes.
L'Évangile
ne prône absolument pas une sorte de passéisme, de passivité, ou
d'évasion. Matthieu insiste trop sur la nécessité de faire, d'agir pour
qu'on le soupçonne de ce genre d'"hyper-spiritualisation". Mais il
rappelle à juste titre que tout - le meilleur comme le pire -
s'enracine dans le tréfonds du "cœur". De plus, aucune des béatitudes
n'est close sur elle-même, ne peut ni ne doit être isolée des autres.
Enfin, comme le rappelle saint Paul, l'Évangile n'a rien de commun avec
une sagesse humaine, réservée à une élite, et que l'on peut acquérir
par ses propres moyens.
En vérité, nous sommes tous bien démunis, bien "pauvres" devant Dieu.
Dès
lors, accueillons dans l'action de grâce les Béatitudes et l'appel du
Christ - dont la Croix révèle l'infinie sagesse de Dieu et son amour
infini...
Textes
Première Lecture: So 2,3;3,12-13
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Cinquième dimanche
Introduction
"Vous êtes le sel de la terre, la lumière du monde. Que votre lumière brille devant les hommes".
De
prime abord, ces affirmations surprennent: Jésus vient de déclarer
"heureux" les pauvres, les petits, parce qu'ils détiennent les clés du
Royaume à venir; or voici que, sans transition, il proclame de manière
aussi catégorique leur étonnante dignité, et qu'il les engage même à la
faire resplendir dès ce moment, aux yeux de tous, alors qu'il dira peu
après "Évitez d'agir devant les hommes pour vous faire remarquer" (Mt 6,1).
Cette
dernière mise en garde vise l'ostentation dans la pratique individuelle
des bonnes œuvres. En revanche, c'est ensemble que les disciples sont
comparés à "une ville située sur une haute montagne".
Même
si toutes les fenêtres ne sont pas éclairées au même moment, il y a
bien assez de lumignons pour que la bourgade se signale à l'attention
des voyageurs.
On
peut, certes, augmenter artificiellement ce rayonnement grâce à des
éclairages qui donnent belle allure même aux bâtisses délabrées.
Mais
ce n'est pas de cela qu'il s'agit ici. Jésus a déclaré "heureux" les
pauvres, les doux, les affligés... - en raison des dispositions
profondes de leur "coeur" - et "malheureux" ceux qui cherchent à donner
le change: "Malheur à vous, [...] hypocrites! car vous ressemblez à des
sépulcres blanchis, qui paraissent beaux au dehors, mais qui, au
dedans, sont pleins d'ossements de morts et de toute sorte d'impureté" (Mt 23,27).
La "כבוד יהוה kâbôd Adonaï - gloire de YHWH-le Seigneur"
accompagnera ceux qui "comblent les désirs" des indigents, disait
Isaïe. Elle les fortifiera et illuminera les ténèbres dans lesquelles
le péché les avait plongés.
L'Évangile va plus loin.
Les
disciples ont déjà en eux la lumière de Dieu. Le bien qu'ils
accomplissent les fait rayonner au regard des "hommes" - pour qu'ils
"rendent gloire au Père qui est aux cieux".
Dès
lors, aucune recherche de publicité tapageuse, ni au bénéfice des
disciples, bien sûr, ni de leur communauté, ni même de l'Église!
La lumière doit être mise sur un lampadaire, et non braquée sur soi!
Il faut, comme saint Paul en témoigne, laisser toute la place à la puissance de Dieu.
C'est sur elle, et non sur la réputation des hommes ou d'une institution, que repose la foi.
En
un temps où, dans bien des pays, l'Eglise et les communautés
chrétiennes ne jouissent plus du prestige de naguère, le message de
l'Apôtre est plus que jamais d'actualité!
Textes
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Sixième dimanche
Introduction
Durant quatre dimanches encore, la liturgie est sous le signe du "Sermon sur la montagne". Dans son Évangile, saint Matthieu (voir à cette page),
citations bibliques à l'appui, proclame à chaque occasion que, depuis
ses origines jusqu'à sa mort et à sa résurrection, dans son
enseignement comme dans son comportement, Jésus accomplit les Écritures. Pour cet évangéliste, la nouveauté de la Bonne Nouvelle et de la vie évangélique ne se comprend que dans la tradition de "Moïse et les Prophètes", c'est-à-dire de la TaNaKh. Rien ne le montre mieux que la manière dont Jésus prend à son compte les trois grands commandements du respect d'autrui:
- respect de sa vie,
- respect de la femme et du lien conjugal,
- respect de la vérité de toute parole.
Tout d'abord, un principe fondamental: le légalisme (nous dirions aujourd'hui l'intégrisme, qui ne s'attache qu'à "la lettre" des prescriptions) méconnaît l'intention de Dieu, auteur de la Loi (donc "l'esprit" de celle-ci); il pervertit le sens des commandements, et leur observance s'avère alors sans profit pour le Royaume des cieux.
Le légalisme engendre une casuistique qui, faute de trouver des échappatoires, ergote sur des obligations pour essayer de s'en acquitter à moindre frais. Consciemment ou non, cette attitude fait de Dieu un législateur lointain et froid, uniquement soucieux d'un certain ordre moral de façade.
Pourtant, c'est dans une tout autre perspective que Dieu a donné sa Loi:
קדשׁים תהיו כי קדושׁ אני יהוה אלהיכם׃
"Vous serez saints, car moi, YHWH-l'Éternel votre Dieu, je suis saint" (Lv 192b).
Et Jésus conclut le long discours rapporté par Matthieu en termes identiques:
ἔσεσθε οὖν ὑμεῖς τέλειοι, ὥσπερ ὁ πατὴρ ὑμῶν ὁ ἐν τοῖς οὐρανοῖς τέλειός ἐστιν.
"Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait" (Mt 5,48).
Au contraire, le légalisme - parce qu'il s'en tient à "la lettre" sans égard pour "l'esprit", ne peut donner qu'une justice "extérieure".
Venu "accomplir" les Écritures, Jésus prône la justice selon Dieu, et ouvre l'observance des commandements à des perspectives infinies, jusqu'à la perfection de la charité, de l'Amour de l'autre.
Il proclame que cette Loi requiert un engagement total de l'être, une obéissance qui vient du plus profond de chacun: son "cœur".
Ce rapport aux commandements exclut tout ce qui, de près ou de loin, ressemble à un asservissement aveugle. Dieu en effet estime sa créature capable d'opter librement pour l'avenir de paix et de bonheur - de vie - qu'il lui propose (Si 15,15-20). Qui médite la Loi du Seigneur et y conforme sa vie acquiert une sagesse qui n'est pas de ce monde, car elle fait pénétrer dans les secrets du "mystère" de Dieu (1Co 2,6-10).
Textes
Évangile: Mt 5,17-37 (Lecture brève: vv.20-22a;27-28;33-34a;37)
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Septième dimanche
Introduction
Après l'exorde du "Sermon sur
la montagne", saint Matthieu (voir à cette page)
a groupé un certain nombre d'enseignements de Jésus qui montrent
comment les disciples doivent entendre et pratiquer la Loi. Pas de
théorie, ni à proprement parler de prescriptions vraiment nouvelles;
mais quelques exemples aux traits parfois grossis à dessein, pour
orienter dans le bon sens la conduite concrète et quotidienne des
disciples - face à toutes les situations, même inédites que, par
définition, un code législatif ne saurait prévoir.
"Œil pour œil, dent pour dent": c'est la loi, dite "du talion" (Ex 21,24a; Lv 24,20b;et Dt 19,21b).
Aujourd'hui, sa formulation choque d'autant plus... qu'on la cite
totalement hors contexte! Il s'agissait en effet d'un principe destiné
à mettre fin aux surenchères de la vengeance privée et au x cruelles
représailles exercées sans fin entre les groupes ou les clans. À la
violence aveugle et sans fin, la Loi substituait une juste proportion
entre
- d'une part la gravité de l'acte commis et du tort causé,
- d'autre part le châtiment et la réparation.
Jésus
se place sur un tout autre terrain que celui des codes de justice -
sans lesquels il ne saurait y avoir de société de société de droit.
Il ne demande pas de se conduire en naïfs, et encore moins de démissionner devant la violence et l'injustice.
Mais
il dit fermement: En toute circonstance, soyez artisans efficaces de
paix et de réconciliation, prêts à aller éventuellement à aller jusqu'à
des "excès": tendre l'autre joue (= abandonner toute fierté "humaine"),
abandonner tunique et même manteau (= l'utile et même l'indispensable),
donner à qui demande, même abusivement!
Et en cela aussi, Jésus "accomplit la Loi". En effet le Livre des lévites, qui a fait sien le principe "Œil pour œil, dent pour dent", interdit la haine même en pensée, la vengeance et la rancune.
Cette
interdiction est faite en raison du commandement de l'amour du prochain
"comme soi-même", justifiée par cette déclaration de l'Éternel: "Vous serez saints car moi, YHWH votre Dieu je suis saint".
De
cette sainteté et de l'amour infini de Dieu, Jésus est personnellement
la révélation suprême. Envoyé dans le monde, lui, le Juste, a "livré"
sa vie sur la croix des scélérats pour le salut des pécheurs.
Folie de Dieu, suprême sagesse!
Puissance de Dieu qui fait de l'Église son Temple habité l'Esprit Saint!
Tout est à nous, puisque nous sommes au Christ, et le Christ est au Père!
Textes
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Huitième dimanche
Introduction
Le "Sermon sur
la montagne" s'adresse à des croyants qui ont l'expérience de la Bonne Nouvelle et des exigences de la vie évangélique: "ἔσεσθε οὖν ὑμεῖς τέλειοι, ὥσπερ ὁ πατὴρ ὑμῶν ὁ ἐν τοῖς οὐρανοῖς τέλειός ἐστιν - Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait" (Mt 5,48 - évangile de dimanche dernier, voir à cette page). Pas de baptême sans rejet de toute forme d'idolâtrie. Les
chrétiens savent donc dès ce moment-là, ou ont appris au cours des
années de catéchèse, que "nul ne peut servir en même temps Dieu et
l'argent" - l'argent, maître au pouvoir absolu et sans partage, idole
qui exige de tout lui sacrifier. Mais - comme à propos de l'adultère (Mt 5,28, voir à cette page) auquel l'Écriture compare souvent l'idolâtrie - c'est du "cœur" et de ses désirs qu'il s'agit d'abord.
L'estimation outrancière des biens matériels est à la racine du culte de "Mammon", l'Argent.
Pour
amener ses auditeurs à une juste hiérarchie des valeurs, Jésus commence
par faire appel au bon sens: "La vie vaut plus que la nourriture qui
sert à l'entretenir, le corps plus que les vêtements qui le couvrent".
Mais ce n'est pas une sagesse humaine qu'il est venu enseigner...
Rechercher
avec avidité les biens matériels c'est méconnaître l'amour paternel de
Dieu: "Même si une mère pouvait oublier le fils de ses entrailles, moi
je ne t'oublierais pas". Il faut donc mettre sa confiance dans la
sollicitude de Dieu, qui veille sur les plus petites de ses créatures.
La
nécessité de gagner son pain "à la sueur de son front" n'en demeure pas
moins: "Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non
plus" écrit saint Paul aux Thessaloniciens (2Th 3,10). De même,
abandonner les nécessiteux entre les mains de Dieu, sans tout faire
pour subvenir à leurs besoins, reste passible du jugement (Mt 25,41-45).
"Cherchez
d'abord le Royaume de Dieu et sa justice" - le bien suprême, qui doit
demeurer le souci primordial de la vie entière - telle est la règle
d'or qui s'impose toujours, en toutes circonstances...
"Vous devez l'attendre de Dieu, et le lui demander avec la confiance de fils envers le plus prévenant des pères".
C'est
ce que nous proclamons, chaque fois que nous disons la prière "reçue du
Seigneur": en appelant Dieu "Notre Père", nous demandons d'abord "que
son Règne vienne" puis, "par-dessus le marché", quotidiennement, "notre
pain de ce jour".
Textes
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Neuvième dimanche
Introduction
Créé libre, l'homme peut choisir ou non la voie de la vie et du bonheur, voie tracée par les "מצות mitsvôth", les Commandements.
La Loi divine se distingue en effet de toutes les lois humaines: rien
ne lui est étranger; elle requiert un engagement de tout l'être
jusqu'en ses profondeurs, il faut l'avoir inscrite, gravée dans son
cœur.
Avec
elle, c'est en effet le Saint, l'Éternel, qu'on accueille ou qu'on
rejette - et non une quelconque législation anonyme et lointaine.
Il s'agit d'une Alliance, d'une grâce proposée tous les jours à l'acceptation personnelle de chacun.
Dans le "Sermon sur la montagne", Jésus - qui accomplit les Écritures - l'enseigne à nouveau avec son autorité souveraine de Fils qui connaît les intentions du Père.
Proclamer bruyamment sa foi en criant à l'envi
"Seigneur! Seigneur!", multiplier les actes de piété extérieure sans
faire effectivement la volonté de Dieu ne mène à rien.
Accumuler des bonnes œuvres qui ne surgissent pas d'un attachement profond au Seigneur invoqué, accomplir des miracles en son nom revient à se dépenser en vain, sans rien construire de solide pour le Royaume des cieux. Consciemment ou non, c'est agir comme si la sainteté pouvait s'acquérir à la force du poignet, se mériter.
À ceux qui se feraient encore des illusions à ce sujet, saint Paul répond avec vigueur: la justice qui sauve vient de Dieu; nous sommes tous des pécheurs justifiés par le sang du Christ - et non des justes que Dieu aurait à récompenser de leurs efforts.
Le message transmis par l'évangéliste et la prédication de l'apôtre proclament donc, avec des tonalités différentes, le même enseignement fondamental: sans œuvres, la foi est morte; et les œuvres doivent être l'efflorescence de la foi, don de Dieu.
Aujourd'hui s'achève la lecture du "Sermon sur la montagne" qui est au centre de la liturgie de la Parole depuis le Quatrième dimanche.
Vivre et célébrer en conformité avec cet enseignement, c'est suivre une voie souvent ardue mais qui mène de joie en joie.
"Heureux!": le grand cri qui retentit au long de ce chemin de perfection doit se répercuter de jour en jour, de célébration en célébration.
Louange au Dieu trois fois saint!
Que sa miséricorde infinie pardonne le péché de ses enfants et leur donne le pain de chaque jour!
Action de grâce au Père qui a "exposé" (voir notes sur Jn 3,14-21 à cette page) son Fils!
Heureux le peuple auquel l'Esprit donne de produire des fruits pour la vie éternelle!
Textes
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Rappel pour 2014 (année A) :
8ème dimanche du TO: 2 mars -------
Carême & Temps de Pâques: du 5 mars au 8 juin (Pentecôte) -------
Retour au TO: le 9 juin
se substitue donc à la célébration du 13ème dimanche du TO;
Le 6 juillet: 14ème dimanche du TO
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Quatorzième dimanche
Introduction
"Je cours dans la voie de tes volontés" (Ps 118,32).
Cette exclamation est
le cri d'un homme qui connaît d'expérience la joie de la fidélité
persévérante à la Loi de Dieu. Le cœur s'en trouve dilaté, on respire à
pleins poumons l'air pur de la vraie liberté sur les sentiers montants,
étroits, parfois ardus que balise la parole du Seigneur. Pour progresser, une
vigilance de chaque instant s'impose; mais au terme de l'ascension
l'horizon merveilleux qui se découvre fait tenir pour rien les
efforts consentis. Celui qui entraîne sur ces sentiers abrupts est
un Roi "juste, victorieux et humble" qui convie tous les peuples à venir
dans son royaume où règne la paix pour toujours.
Lorsque Jésus parut, les sage et les savants se mirent à discuter à n'en plus finir, à
contester son enseignement, sans comprendre qu'il accomplissait les
Écritures.
Les
petits et les humbles, eux, ont reconnu en lui, comme d'instinct, celui
qu'annonçaient les prophètes. Il parlait avec autorité des secrets et
de la volonté de Dieu; il disait "Venez à moi, vous tous qui peinez
sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos".
La Bonne Nouvelle qu'il prêchait n'abolissait pas la Loi ancienne, mais la
renouvelait en la débarrassant des interprétations qui l'
alourdissaient inutilement.
Les petits et les humbles, les faibles, peuvent en assumer la charge - car
l'amour en est le premier et le dernier mot
En les voyant se presser
autour de lui, Jésus ne put retenir l'action de grâces qui monte de son
cœur sa louange témoigne de son intimité avec le "Seigneur du ciel et de
la terre", auquel il s'adresse en l'appelant familièrement
"Père". Cette prière filiale révèle indirectement que sur lui
reposes en plénitude l'Esprit promis à tous.
Il donne la force de lutter
contre ses assauts renouvelés, et mène à la vie éternelle ceux qui, se laissant
conduire par lui, "tuent" en eux "les désordres de l'homme pécheur".
Heureux qui
accueille cette révélation avec joie, et la garde dans son cœur!
Qu'il
rende grâce au Père, et sans fin proclame sa louange!
Textes
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Quinzième dimanche
Introduction
On commence aujourd'hui la lecture intégrale du « Discours
en paraboles », qui se poursuivra durant trois dimanches. Pour introduire
cette unité liturgique, il serait difficile de trouver mieux que le texte d’Isaïe
retenu pour la Messe d’aujourd'hui.
Les paroles humaines restent souvent vaines et inconsistantes,
n'engagent pas toujours celui qui les prononce, ne résistent guère à l'épreuve
du temps, même quand elles ne sont pas mensongères. Enfin, du « dire »
au « faire » la distance est grande, voire infranchissable.
Il en va autrement de la parole de Dieu : elle révèle et
agit, elle est vérité et efficacité. Isaïe insiste sur cette dernière
caractéristique.
C'est également l'enseignement fondamental de la parabole de
la semence, la première de celles que rapporte saint Matthieu. Elle met l’Église et les chrétiens face
à leurs responsabilités à l'égard de la parole de Dieu, comparé à une semence
de qualité sans pareille, jetée abondamment en terre.
La croissance et la venue à maturité de cette graine
merveilleuse dépendent de la valeur du sol qui la reçoit, c'est-à-dire de la
manière dont chacun accueille et met en pratique la Parole semée en lui. Cela
exige un sérieux travail préalable de défrichage, et une vigilance constante -
pour ne pas la laisser enlever par « le Mauvais » ni étouffer par de
nombreuses herbes parasites.
Dieu, le divin Semeur, respecte en effet la liberté de ses
créatures, et veut les associer aux résultats de ses semailles. Il répand le
bon grain à profusion, car aucune portion de son domaine ne doit être
abandonnée comme définitivement impropre aux semailles, et laissée en friche. À
chacune il donne inlassablement sa chance, ou plutôt sa grâce. Patient, il
laisse le temps au temps ; confiant, il espère jusqu'au dernier jour que
les terres les plus arides, les cœurs de pierre, finiront par s'ouvrir à sa Parole.
Tous ceux qui, à un titre ou à un autre, travaillent à l’avènement du Royaume
doivent agir de même.
C'est, comme dit saint Paul, le temps d'un laborieux
enfantement pour l'homme et la création entière ; mais le jour vient où leur
gloire se révélera avec celle du Christ ressuscité. Cette certitude fait
apprécier à leur juste valeur « les souffrances du temps présent ».
Les Textes
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Seizième dimanche
Introduction
Le croyant reconnaît et proclame sans cesse, dans le Credo comme dans la prière, la
toute-puissance de Dieu – que rien ni personne ne saurait tenir en échec. Mais,
à la vue de ce qui se passe dans le monde, impossible de ne pas s'interroger :
comment Dieu peut-il supporter tant de désordres criants, d'injustices
intolérables, de crimes restés scandaleusement impunis ? Pourquoi
intervient-il si peu – comme s'il n'avait pas les moyens de sanctionner le mal
et d'en endiguer la propagation ? L’appel angoissé des uns, le persiflage
des autres résonnent douloureusement aux oreilles du croyant (Ps 42,11).
Il faut affronter ces interrogations, non pour demander des
comptes à Dieu, mais pour essayer de comprendre sa conduite qui doit déterminer
la nôtre ; c'est ce que fait l'auteur du Livre de la Sagesse. La conduite
divine n'est pas preuve de faiblesse de démission : Dieu n’intervient pas ;
il fait preuve de patience parce qu'il
est le Tout-puissant. Il n'a pas besoin, lui, de s'imposer par la force ;
et il laisse à tous le temps de changer de conduite, de se convertir.
Jésus a repris cet enseignement sous la forme imagée de
trois paraboles. Malgré les apparences, la parole de Dieu est d'une
extraordinaire fécondité :
-
comme un grain de moutarde qui donne naissance à
un grand arbre,
-
comme une pincée de levain qui fait lever trois
grandes mesures de pâte,
-
comme la semence dont jaillissent de nombreux
épis de blé.
Lorsque les jeunes pousses sortent de terre, on constate parfois
qu'elles sont mélangées à de l’ivraie, herbacée particulièrement nuisible aux
céréales. Le maître interdit pourtant de l'arracher, car avec elle on risque
d'enlever le blé en herbe dont les racines plongent sans doute dans la même motte
de terre… Il est donc sage d'attendre la moisson pour faire le tri : le Moissonneur
divin agit de même, non par faiblesse ou laisser-aller, mais par miséricorde.
Que l'Esprit, qui seul connaît les pensées de Dieu et ses
intentions, « ouvre nos oreilles » : c'est lui qui peut nous
faire comprendre, « entendre », l'enseignement donné par Jésus en
paraboles !
Que la prière qu'il inspire nous fasse entrer dans les vues
du Seigneur : nous apprendrons ainsi à juger et à agir comme lui, à
vouloir ce qu'il veut.
Les Textes
Psaume: Ps 86,5-6;9a;10;15-16a
Évangile: Mt 13,24-43
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Dix-septième dimanche
Introduction
Le nom de Salomon évoque que celui d'un homme à la sagesse
proverbiale.
Un jour, rapporte le Premier livre des Rois, Dieu lui a dit :
« demande-moi ce que tu veux, et je te le donnerai ». À cette
proposition, Salomon a répondu sans hésiter : « accorde-moi de
discerner le bien et le mal ». Sachant que ce discernement appartient à
Dieu seul à qui nul ne peut le dérober, le roi demande humblement la grâce d’y
avoir part. Il est exaucé : il sera ainsi en mesure d'assumer au milieu de
son peuple la mission que Dieu lui a confiée.
Lointain descendant de Salomon (Mt 1,1;6), Jésus a
proclamé la Bonne Nouvelle de la venue toute proche du Royaume des cieux (Mt
4,17). Dans le langage simple et familier des paraboles, il a révélé le
mystère de sa croissance lente et laborieuse jusqu'au jour de son plein épanouissement,
à la fin des temps. Il est comme un trésor inestimable encore caché. Pour
l'acquérir, il faut renoncer avec joie à tous les autres biens, vendre ceux
qu'on possède. Les humbles, les petits, ceux auxquels Jésus s’adresse, comprennent cela dans leur sagesse
qui vient de Dieu et dont Jésus lui-même s'est émerveillé (Mt 11,25), ils
n'hésitent pas à tirer les conséquences pratiques de cet enseignement du Maître,
qui est vraiment « plus grand que Salomon » (Mt 12,42).
Ils ne se montrent pas scandalisés par la patience de Dieu, qui
n’opère pas prématurément le tri entre le bon grain et l’ivraie, entre les bons
et les méchants. Ils comprennent que Dieu agit ainsi par miséricorde, pour
laisser à chacun tout le délai possible pour se convertir. Avec le Seigneur,
ils espèrent que beaucoup, touchés par tant de longanimité, finiront par
s'ouvrir à l'amour du Père qui, seul, fait de nous des justes et nous appelle à
partager, un jour, la gloire de son Fils.
Le « Discours en paraboles », lu dans l'Évangile
selon saint Matthieu depuis le quinzième dimanche, est d'une richesse
inépuisable. Les « disciples du Royaume des cieux » peuvent en tirer
sans cesse - dans la prière et la méditation - des enseignements nouveaux,
adaptés aux diverses circonstances, souvent inédites, de leurs vies. Ils
peuvent compter, en outre, sur la sagesse de Dieu qui saura faire « tout
contribuer au bien de ceux qui l’aiment ».
Les Textes
Première Lecture: 1R 3,5;7-12
Deuxième Lecture: Rm 8,28-30
Évangile: Mt 13,44-52
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Dix-huitième dimanche
Introduction
À ceux que les nourritures terrestres laissent sur leur faim,
Dieu dit : « Venez à moi, je comblerai les désirs de votre cœur ;
je vous donnerai gratuitement ce qui fait vivre en plénitude, dès aujourd'hui
et pour la vie éternelle ! »
Jésus a fait retentir cette pressante invitation avec une
force et une insistance nouvelles. Ceux que la maladie ou les démons intérieurs
tourmentaient se pressaient autour de lui pour retrouver, avec des raisons de
vivre, leur place dans la société dont ils étaient exclus. Les foules
s'attachaient à ses pas, allaient à sa recherche jusque dans les lieux déserts
où il se retirait. Ému au plus profond de lui-même, Jésus, renonçant à son
besoin de solitude, a répondu à leur attente.
Parmi toutes les manifestations de cette sollicitude du Seigneur
à l'égard des foules désemparées, la multiplication des pains dans le désert
est d'une importance particulière.
Le premier récit qu'en donne saint Matthieu note que Jésus a
passé la journée à guérir des infirmes ; le soir venu, les disciples
estiment qu'il est temps de renvoyer les gens pour qu'ils essaient de se
procurer de la nourriture.
« Non, dit Jésus, donnez-leur vous-mêmes à manger ».
Cette réponse est lourde de sous-entendu. Avec les cinq pains et les deux
poissons dont ils disposent, les disciples se trouvent eux aussi dans une
indigence telle qu'ils ne peuvent rien faire pour les autres. Jésus prend alors
la situation en main : il « ordonne » à la foule de s'asseoir
sur l'herbe. Comme pour tout repas juif rituel, il prononce la bénédiction sur
les pauvres provisions qui lui ont été remises… et il dit aux disciples de les
distribuer à la foule, « environ cinq mille personnes, sans compter les
femmes et les enfants » !
Personne ne semble s'étonner de cette multiplication inattendue
des pains et des poissons : ni les disciples, ni la foule. C’est que Mathieu
a écrit pour des chrétiens, qui s'adressent à Dieu en disant « Notre Père,
donne-nous aujourd'hui le pain de ce jour », et qui participent déjà à la
fraction du pain où le Seigneur se donne personnellement en nourriture.
Fortifiés par ce pain venu du Ciel, nous sommes en mesure de
tout affronter, sûrs que rien ne peut nous séparer désormais de l'amour de Dieu
manifesté en Jésus Christ.
Les Textes
Première Lecture: Is 55,1-3
Psaume: Ps 145/144,8-9;15-18
Deuxième Lecture: Rm 8,35;37-39
Évangile: Mt 14,13-21
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Dix-neuvième dimanche
Introduction
Dans les évangiles, le récit de la multiplication des pains et celui de la tempête apaisée forment comme un diptyque.
Dans les deux tableaux, Jésus est - bien sûr - au premier plan:
- sur l'un, il donne les pains multipliés aux disciples pour qu'ils les distribuent à la foule;
- sur l'autre, il va vers eux en marchant sur les eaux, au milieu de la tempête qui met en péril l'embarcation où il leur a été "ordonné" de monter pour gagner l'autre côté du lac.
Or la Tradition a vu, dans cette barque secouée par les flots mais préservée du naufrage par le Seigneur, une image de l'Église qui vogue, contre vents et marées, vers le rivage où le Ressuscité l'a devancée.
La multitude de ceux qui suivent le Seigneur jusque dans le désert reçoit de sa main le pain qui apaise toute faim.
Les disciples - qui peinent pour se rendre au rendez-vous donné par le Seigneur, ont l’impression que leur barque va chavirer.
« Confiance !
Les tempêtes peuvent secouer votre embarcation, mais elle ne sombrera pas ! »
leur dit le Seigneur.
Le récit de saint Mathieu comporte encore d'autres traits
qui élargissent et précisent cette interprétation. La
réaction des disciples et de Pierre fait songer aux premières apparitions
pascales :
-
Lorsque le Ressuscité est venu au milieu d’eux, les
disciples ont cru aussi voir un fantôme ; le Seigneur s'est alors adressé
à eux comme ici : « Soyez sans crainte ! C'est moi ! »
-
Il leur a également reproché leur manque de foi
et leurs doutes.
- Enfin, lors des manifestations pascales comme
sur le lac, la scène s'achève par une sorte de liturgie : les disciples se
prosternent devant le Seigneur, ils confessent leur foi : « Vraiment,
tu es le Fils de Dieu ! »
Quels que soient son attachement profond au Seigneur,
l'expérience de sa présence et de sa proximité, tout disciple, dont Pierre
apparaît ici comme le prototype, connaît des moments d'hésitations et de doutes.
Qu’il crie : « Seigneur, sauve-moi ! » dès qu'il commence à
perdre pied. Jésus lui tiendra la main pour qu'il ne défaille pas.
Que le peu de foi ne retienne
pas de participer à la liturgie, de se prosterner avec les autres
pour proclamer avec l'Église : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu !
Seigneur, viens au secours de mon manque de foi ! »
Et lorsque le silence de Dieu décourage, qu'on écoute
attentivement : il est encore là, dans le « murmure d'une brise légère »
(1R 19,12).
Les Textes
Première Lecture: 1R 19,9a;11-13a
Psaume: Ps 85/84,9ab;10-11;13 (antienne: v.8)
Deuxième Lecture: Rm 9,1-5
Évangile: Mt 14,22-33
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Vingtième dimanche
Introduction
Dieu, avaient annoncé les prophètes, fera bon accueil aux
étrangers qui montreront à sa montagne sainte pour l'adorer :
sa maison sera « Maison de prière pour tous les peuples ».
Un jour, c'est son Fils qui est venu dans le monde.
Jésus a semé à pleines mains le bon grain de la Parole. Il a
guéri tous les malades qu'on lui présentait, et même l'enfant d'un centurion
romain. Il a appelé le publicain Matthieu, partagé le repas des pécheurs et
multiplié les pains pour la foule.
Mais il n'est pas sorti des limites étroites de son pays.
Quelques fois, cependant, il est allé aux frontières du
monde païen. Une femme est alors venue de ces régions pour implorer la guérison
de sa fille. « Il faut l’exaucer pour qu'elle cesse ses cris »,
estiment les disciples. Jésus répond : « Je n’ai été envoyé qu'aux brebis
perdues d'Israël ». Comme si elle n'avait pas entendu, la Cananéenne se
prosterne : « Aie pitié de moi, Seigneur ! Viens à mon secours ! »
C'est l’attitude et la manière de prier qui, selon saint
Mathieu, conviennent aux disciples ! Pourtant Jésus commence par déclarer
irrecevable la requête formulée par une païenne, et il le fait en des termes
qui paraissent bien méprisants ; mais, sans aucun doute, le ton de la voix
en a adouci la dureté.
En tout cas cette réponse de Jésus fait songer à celle qu'il
fit à sa mère qui, aux noces de Cana, lui demandait d'intervenir parce que le
vin commençait à manquer : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure
n'est pas encore venue » (Jn 2,4).
Ici, il s'agit du temps de la mission aux païens, qui n'est
pas encore arrivé. L'anticiper reviendrait à prendre le pain des enfants avant
qu'ils ne soient rassasiés.
Cela, la Cananéenne le comprend : elle ne revendique
aucun passe-droit ; comme Marie, elle s'en remet au Seigneur.
Que Jésus lui donne seulement des miettes qui tombent de la
table des maîtres ; et, comme Marie, elle obtient ce qu’elle demande.
Désormais, il n'y a plus de frontières : l'Évangile est
prêché partout. Tous ont libre accès à la Table des enfants.
C'est une grâce, et non un droit qu'on pourrait réclamer ou
regarder comme un privilège.
Mais il ne suffit pas de le savoir, de le proclamer en
paroles et dans la Prière « universelle » : il faut
traduire cette certitude dans les comportements de la vie quotidienne et dans
la célébration liturgique !
L’accueil de l'étranger, la
place qui lui est faite dans les relations quotidiennes et dans les assemblées
liturgiques vérifient l'authenticité d'une foi, d'un esprit et d'un cœur
vraiment « catholiques ».
Les Textes
Première Lecture: Is 56,1;6-7
Psaume: Ps 67/66,2b;13;5;7b;8 (antienne: v.4)
Deuxième Lecture: Rm 11,13-15;29-32
Évangile: Mt 15,21-28
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Vingt-et-unième dimanche
Introduction
L'éviction d'un obscur maître du palais d’Ézéchias, roi de
Juda au VIIIème siècle avant notre ère, serait certainement tombée dans l'oubli
sent l'oracle d’Isaïe. Dieu attend des ministres proposés au gouvernement de son
peuple qu'ils exercent leur autorité selon ses instructions. Il écarte ceux qui
n’agissent pas conformément à ses volontés. Mais il ne renonce pas à son dessein
de salut et ne remet pas en cause ses promesses. La destitution du gouverneur Shebna
est même l'occasion de l'annonce d’une nouvelle initiative divine qui sera
décisive.
Comme toujours dans la liturgie, cette
prophétie est rappelée pour montrer comment ce qui est advenu se situe dans le
droit fil de l'histoire du Salut. Concrètement, durant le Temps
ordinaire spécialement, la première Lecture et l'Évangile constituent les deux
panneaux d'un diptyque.
La venue de Jésus accomplit, au-delà de toute espérance, les
promesses faites jadis à David (Ps 109).
Il a suscité, au milieu de son
peuple, le serviteur parfaitement fidèle à sa volonté, « stable comme un
piquet enfoncé dans un sol ferme ».
Lorsque paraît « Jésus Christ, fils de David » (M1,1),
beaucoup, à la vue de ses œuvres, pressentent qu'il est l'envoyé promis
autrefois par Dieu, mais s’interrogent sur sa véritable identité : Jean le
Baptiste ? Élie ? Jérémie ? un des prophètes ?
Jésus
demande à alors à ces disciples de se prononcer : « Et vous, que dites-vous ?
Pour vous qui suis-je ? »
Simon, au nom de tous, déclare sans hésiter :
« Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » Une telle profession
de foi ne peut venir que d’une révélation du Père : « Heureux es-tu, Simon
fils de Yonas ! »
Sachant qu'il doit retourner auprès de son Père, Jésus
l'institue alors son intendant pour conduire à l'Église que « la puissance
de la Mort » n'ébranlera pas. Il lui remet « les clefs du Royaume des
cieux ».
Pierre en a usé une première fois, pour en ouvrir l'accès
aux païens. Comprenant que « Dieu ne fait pas de différence entre les
hommes », il a annoncé l’Évangile à la maison de Corneille. L'Esprit
intervint alors pour confirmer le bien-fondé de son initiative, et Pierre a
ordonné de baptiser ces croyants inattendus (Ac 10)
Ensuite, sous son impulsion, les païens convertis ont été déliés
de certaines obligations de la Loi (Ac 15,5-25).
Dieu fait confiance à des êtres faibles pour réaliser ses
décisions insondables !
« À lui la gloire pour l'éternité, par son Fils, pierre
angulaire de l'Église ».
Les Textes
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Vingt-deuxième dimanche
Introduction
Porte-parole de Dieu, le prophète (étymologiquement: "<celui qui> parle pour <Dieu>") transmet ses oracles, ses jugements sur la conduite des hommes, et ses appels à la conversion.
Sa vision des choses lui fait percevoir leur signification
et leur portée ; il pressent l'avenir que Dieu a en vue, et il le prépare.
Dès lors, il se trouve souvent contraint de contester l'ordre établi – dont il
relève sans ménagement les failles et les insuffisances. Non seulement il dit :
« Ce que vous faites est mal », mais il remet continuellement en
cause la situation présente : « Ne pensez pas que vous pouvez en
rester là, qu’il n'y a pas mieux à faire ! »
Les uns ne supportent pas qu'il dénonce
publiquement leurs mauvaises manières d'agir et, moins encore, leurs intentions
cachées – plus ou moins perverses.
Les autres voudraient qu'il les laisse
tranquilles, qu'il se contente, comme tout le monde, de leur bonne volonté.
Le prophète dérange… mais se trouve lui-même
dans une situation déchirante, au-dessus de ses forces, ainsi qu'en témoigne
Jérémie de manière pathétique. Il n'imaginait pas sa mission aussi douloureuse.
La tentation est grande de s'y dérober – mais impossible de se soustraire à la « séduction »
de Dieu, au feu de l'Esprit qui l'anime.
Prophète, Jésus a été lui aussi en butte aux
sarcasmes et aux contradictions malveillantes.
La pureté de ses intentions et l’authenticité
de sa mission ont été mises en doute.
On l’a même accusé d'être un suppôt de
Satan (Mt 9,34), et il a été mis à mort.
Comme Jérémie, il a prié pour
que s’écarte, s'il était possible la coupe de ses souffrances (Mt 26,38)
et, sur la croix, il a prié le psaume du Juste passant du désespoir à l’espérance
: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » (Mt 27,46;
Ps 22,2).
Rien n'a pourtant pu le faire dévier de sa mission, car il
était indéfectiblement attaché à la volonté de Dieu son Père (Mc 14,36),
et il a pris résolument la route de Jérusalem, alors qu’il savait ce qui l’y
attendait.
Aussi lorsque Pierre – de bonne foi mais se
comportant en véritable tentateur – a voulu l’en dissuader, il a vivement
écarté l'apôtre qui ne comprenait pas que le salut du monde se trouvait en
cause. Dès lors, perdre sa vie est, pour les disciples aussi, le seul moyen
de la sauver.
Dans la mesure où ils font de leur personne et
de toute leur existence « un sacrifice saint » agréable à Dieu, les
disciples de Jésus célèbrent en vérité l'Eucharistie, mémorial de la Pâque
du Christ mort et ressuscité.
Les Textes
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Vingt-troisième dimanche
Introduction
Depuis que le
péché a fait son entrée dans le monde, Dieu œuvre pour rassembler un peuple saint.
Il a multiplié les initiatives pour inciter les hommes à le chercher et à le
trouver, à renouer les liens rompus de son une amitié toujours offerte. Sa Loi
balise la route de ces retrouvailles.
Dans sa
miséricorde, Dieu est venu en aide à tous les hommes et les « a formés par
les prophètes dans l'espérance du salut » (Prière eucharistique IV). Il a
institué « guetteurs » ces envoyés chargés de mettre en garde ceux
qui se fourvoient sur des voix mortelles, et de presser les égarés de revenir
sur le droit chemin : redoutable mission ! Chacun est certes
responsable de ses choix, et ne peut s'en prendre qu'à lui-même des
conséquences qui en résultent. Mais si le prophète n’ avertit pas « le
méchant » du danger de mort où il se trouve, Dieu en demandera compte à ce
« guetteur » négligent ou pusillanime. Ézéchiel n'a pas de paroles
assez dures pour stigmatiser les prophètes « qui suivent leur propre
esprit sans rien voir », qui égarent le peuple. Plus tard, Jésus a dénoncé
avec une égale vigueur les guides aveugles (Mt 15,14).
Il ne faut
pourtant pas se décharger sur les prophètes reconnus ou sur les dirigeants officiels
de toute responsabilité personnelle à l'égard des membres de la communauté. Chacun
doit travailler à ramener les égarés sur la bonne voie avec tact et humilité,
en se référant aux règles groupées par saint Matthieu dans ce qu'on appelle habituellement
le « Discours ecclésiastique » ou « communautaire » - parce
qu'il est une sorte d’anthologie des principes qui doivent régir la vie
quotidienne des communautés chrétiennes. On lit ce dimanche le passage qui
concerne la manière de se comporter envers des frères et des sœurs qui ont
notoirement commis un péché.
« L’accomplissement
parfait de la Loi, c'est la charité », un devoir avec lequel on n’est
jamais quitte ; impossible, dès lors, d'abandonner les pécheurs à leur
sort. L’Église n’en vient à l'excommunication que lorsque tous les autres
moyens sont restés vains. La prière de la communauté doit non seulement
continuer à entourer les frères et les sœurs frappés par cette mesure extrême,
mais se faire encore plus intense à leur intention.
Que la miséricorde
divine, implorée au début de chaque célébration eucharistique, les fasse
revenir !
Les Textes
Première Lecture: Ez 33,7-9
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Vingt-quatrième dimanche
Introduction
Confession du péché et de la miséricorde de Dieu, intercession et action de
grâce vont toujours de pair dans la Bible.
Les psaumes en
témoignent abondamment. Quand il s'adresse à Dieu pour exprimer sa
reconnaissance en évoquant les bienfaits déjà reçus, pour lui demander de les
renouveler ou l'appeler au secours dans la détresse, le psalmiste se présente
toujours devant le Seigneur en se reconnaissant pécheur ; mais il ne se
tient pas devant lui comme un coupable terrassé par le poids de ses fautes,
tremblant sous le regard accusateur d'un maître courroucé. Le péché est en
effet un acte d'ingratitude à l’égard de Quelqu'un dont l'amour blessé demeure intact,
toujours prêt à pardonner quiconque fait appel à sa tendresse sans borne.
L'expérience
renouvelée de cette conduite constante de Dieu implique le devoir de pardonner
de la même manière les torts que les autres nous font subir. « Rancune et
colère sont des choses abominables ». Comment en effet pourrait-on
demander et recevoir le pardon divin, en gardant dans le cœur du ressentiment à
l'égard d'autrui? Cela reviendrait à s’exclure soi-même de l'Alliance, de
l'amitié divine. Quelle horreur aux yeux de Dieu est des hommes !
Jésus a rappelé l’égale
importance des deux commandements de l'amour de Dieu et du prochain.
La loi
dite « du talion » avait pour but d'interdire les représailles, vengeances
ou châtiments disproportionnés avec le crime commis ou le dommage causé. Jésus
va bien au-delà : il prescrit d’aimer même ses ennemis, de prier pour eux.
Débiteurs insolvables à qui Dieu remet leur dette, les chrétiens doivent
pardonner sans cesse et sans compter: « soixante-dix fois sept fois ».
La vérité de
leur appartenance au Christ dont ils se réclament, du culte qu'ils célèbrent,
de leur prière, et, finalement, de leur justice devant Dieu en dépend.
Que l’Esprit,
qui fait d’eux une communauté de fils du Père de miséricorde, vienne au secours
de leur faiblesse!
Alors ils pourront dire en toute confiance, chaque jour et
au moment de recevoir le corps et le sang de l'Agneau de Dieu qui enlève le
péché du monde, la prière reçue du Sauveur: « Notre Père, pardonne-nous
nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés »!
Les Textes
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Vingt-cinquième dimanche
Introduction
Les deux
dimanches précédents, c'est la vie interne
des communautés chrétiennes qui se trouvait sous le feu de la parole de Dieu. La
manière de se comporter à l'égard des frères qui commettent le péché, et le
devoir du pardon mutuel des offenses, découlent du fait que l'Église est une communauté de pécheurs pardonnés. Mais il ne
suffit pas d'en être intimement convaincu, de s’en tenir à de bons sentiments,
de belles déclarations d'intention, des élans de piété intérieure… La foi ne se
paie pas de mots : elle doit se traduire également en actes, dans la vie
de chaque jour, en toutes circonstances : la liturgie de ce dimanche exhorte
à ne pas l'oublier.
L'homme
religieux est un chercheur de Dieu. Sa quête est d'autant plus active et,
pourrait-on dire, passionnée, que se fait proche Celui qui seul peut combler
son désir. Toujours en marche, le croyant tend vers Lui de toutes ses forces, sans jamais
s'arrêter. Il sait que Dieu, « riche en pardon », a pitié de ceux qui,
après s'être égarés, se détournent résolument de leurs mauvais chemins. De telles
certitudes stimulent le zèle des pécheurs pardonnés, et leur font reconnaître
combien Dieu est juste lorsqu'il
accueille ceux qui reviennent vers Lui. Loin de s'en montrer scandalisés, ils
en rendent grâce.
Par ailleurs,
jour après jour, à toute heure, Dieu engage des ouvriers pour travailler à la vigne
qu’Il a plantée. Chacun doit s'empresser de répondre avec joie à son appel, et
s'en remettre à Lui pour le « salaire » – si l'on peut employer ce
mot. « Le soir venu », chacun
recevra le sien, infiniment
au-delà de tout mérite, pur don de la bonté du « maître du domaine ».
Ce qui est demandé à tous, indistinctement, c’est d’œuvrer en serviteurs fidèles
soumis à la volonté du Seigneur, de « mener
une vie digne de l'Évangile du Christ ».
L'exemple de
saint Paul est particulièrement suggestif : mourir pour être avec le
Christ sans plus attendre vaudrait mieux pour lui ; mais il pense aussi
qu'il pourrait encore faire ici-bas du travail utile aux autres. Ne sachant
donc comment sortir de ce dilemme, il s’en remet au choix du Seigneur :
quant à lui, il reste totalement disponible ; dans tous les cas, de cela l’Apôtre
est sûr : « la grandeur du Christ sera manifestée ».
Le vrai serviteur de Dieu ne doit pas se
soucier d'autre chose : « Seigneur, que ta volonté soit faite ! »
Les Textes
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Vingtième-sixième dimanche
Introduction
« L’intention vaut l'action ».
Cette maxime populaire est utilisée dans des circonstances
et des perspectives très diverses.
On l’invoque couramment pour se disculper de n'avoir pas
tenu une promesse, de n'avoir pas accompli ce qu'on aurait dû : « C'est
vrai, il ne faut pas m'en tenir rigueur : mon élan a été stoppé de manière
imprévisible et malgré moi ».
Parfois, à l'inverse, la seule intention d'un acte
répréhensible est retenue comme grief – à juste titre si je ne suis pas passée
à l’acte parce que les seules circonstances ou une intervention extérieure m'en
ont empêché.
Mais une pensée perverse, une mauvaise intention, peuvent n’être
que des tentations – fugitives ou obsédantes – que j'ai eu le mérite de repousser.
Nul ne saurait davantage me reprocher d'avoir pris
conscience à temps, ou même au dernier moment, du caractère pervers de mon dessein,
et de ne l’avoir pas exécuté.
Il n'en demeure pas moins que ce sont normalement les actes
qui jugent du sérieux de l'intention. En tout cas, le propos, même réitéré, de
se convertir n'est pas la conversion ; en rester aux déclarations
d'intention devient même scandaleux, et ferme l'entrée dans le Royaume de Dieu.
Quand il reviendra dans sa gloire, le Fils de l'homme
reconnaîtra comme siens tous ceux qui – même sans se référer à lui – ont agi
selon la volonté du Père, se sont détournés de la « méchanceté » (Mt 25,31-46). Celui qui connaît le
secret des cœurs et à qui rien n'échappe de nos actions dira : « Tu
étais publicain, prostituée ; mais tu as entendu ma Parole, la prédication
de mes envoyés, la voix de ta conscience, et tu as renoncé à ta perversité.
Approche, passe devant pour pénétrer dans la salle du festin auquel Dieu
appelle depuis le commencement du monde ! »
À ceux qui, au contraire, se sont détournés de la justice,
ou qui ont dit « Oui ! », « Amen ! » à la volonté du Seigneur
– mais ne l’ont pas accomplie, il dira : « Passez derrière, allez-vous-en :
je ne vous connais pas ! »
Telle est, dans sa perfection incontestable, la justice de
Dieu.
Soyons donc sans arrogance, mais ne nous payons pas de mots :
nous avons la foi ? traduisons-la en actes !
Cette exigence s’impose à qui veut être en vérité disciple
du Christ, et avoir part au salut acquis par son obéissance sans faille à la
volonté du Père, à sa Pâque de mort, résurrection et gloire – dont l’Eucharistie est le Mémorial. Nous devons y communier
dans la vie concrète comme dans le sacrement.
Les Textes
Psaume: Ps 25/24,4-5a;6-9
Deuxième Lecture: Ph 2,1-11 (lecture brève:1-5)
Évangile: Mt 21,28-32
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Vingtième-septième dimanche
Introduction
Alors même qu’une vigne est taillée chaque année, ce qu'elle
donnera reste incertain jusqu'au jour de la vendange ; que surviennent une
grave maladie, des intempéries, ou une température excessive, et voilà perdu
tout un vignoble de qualité, que le vigneron avait entourée des soins les plus
attentifs, et qui faisait sa fierté…
On comprend dès lors que prophètes et psalmistes recourent à
l'image de la vigne pour évoquer le peuple de Dieu, la sollicitude du Seigneur
à son égard, et les sentiments qu'il éprouve quand il n'y trouve pas les fruits
attendus. Un passage du Livre d'Isaïe, couramment nommé « Chant du
bien-aimé à sa vigne », exprime cette déception.
On lit par ailleurs dans l'Évangile selon saint Matthieu une
parabole qui met en scène le propriétaire d'un vignoble et ses ouvriers.
Lorsqu'il l'a prononcée, Jésus visait directement ceux qui,
de son temps, avaient été institués intendants du domaine divin.
Mais plusieurs traits du « Discours ecclésiastique »,
ou « communautaire », de l'Évangile selon saint Matthieu (Mt18),
et la manière de rapporter les sévères invectives de Jésus contre les scribes (Mt
23) laissent entendre que l'évangéliste songe aussi aux dirigeants de la
communauté chrétienne. À cette époque, déjà comme toujours,
certains avaient des comportements détestables : prétentieux, plus avides
d'honneur que d’humble service, agissant comme s'ils étaient les propriétaires
et non les intendants de la Vigne, agressifs à l'égard des envoyés du Maître
qui les rappelaient à leurs devoirs.
Tous les membres de la communauté n'en sont pas moins
concernés : ils doivent chercher eux-mêmes, et promouvoir dans l'Église, « ce
qui est vrai et noble, digne d'être aimé et honoré, et s'appelle vertu », comme
dit saint Paul.
Leurs dirigeants ont été institués pour les guider et les
entraîner dans cette recherche par l'enseignement et l'exemple. Ils doivent pouvoir
compter sur tous pour se comporter en intendants fidèles.
Il faut donc oser les reprendre, humblement et
charitablement, en leur rendant le service de la « correction fraternelle »
(évangile du 23ème dimanche). Mais, en même temps, prier Dieu d'envoyer de bons ouvriers
travailler dans sa vigne, favoriser les engagements de candidats appelés à
l'exercice de ce ministère, être soi-même prêt à répondre à l'appel du Seigneur.
Souvenons-nous aussi que Jésus a dit : « Je suis la
vraie vigne et vous les sarments » (Jn 15,5).
Textes
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Vingtième-huitième dimanche
Introduction
Les prophètes, Isaïe en particulier, comparent volontiers le
bonheur des élus à celui de convives réunis par Dieu pour prendre part à un
prestigieux banquet. De prime abord, cette manière de parler pourrait
surprendre : le bonheur céleste n'est-t-il pas d’un autre ordre que les
joies terrestres ?
Pour comprendre cette comparaison, il suffit de se reporter
à la signification du repas pris ensemble. La qualité des mets et des vins a
certes son importance ; mais on ne se rend pas à un repas avant tout –
encore moins exclusivement ! – pour savourer des mets succulents et déguster des
crus prestigieux.
La somptuosité, même relative, d'un banquet exprime le
caractère exceptionnel de la fête ou de l’événement célébré. Elle entend
honorer les invités, leur dire combien on est heureux de les recevoir. Le repas
de fête partagé est signe – on pourrait presque dire « sacrement » – de
l'amitié partagée, de la communion qui unit l’hôte et ses convives.
Eh bien, dit Isaïe, voilà ce que Dieu nous réserve :
une intimité infiniment supérieure à tout ce qu'on peut imaginer ; une
joie sans pareille et sans fin. « Ce jour-là », en effet, Dieu « détruira
la mort pour toujours », et nous entrerons en possession du Salut espéré.
En reprenant cette image biblique traditionnelle, Jésus l’élargit
aux dimensions de l'Histoire du Salut.
Le roi qui invite, c'est manifestement Dieu ; dans le
fils dont il célèbre les noces, nous reconnaissons Jésus, le Seigneur qui a « épousé »
l'humanité en prenant notre chair mortelle, glorifiée dans sa Résurrection et
son triomphe céleste : c'est à cet événement que nous nous sommes
instamment conviés. Les serviteurs de Dieu porteront à l'univers entier
l'invitation qui retentit depuis les origines du monde.
Un jour, la salle du festin sera emplie d'une « foule
immense de toutes nations, races, peuples et langues » (Ap 7,9),
qui célèbrera les noces de l’Agneau (Ap 19), dont l'Eucharistie est le
signe. Que chacun s’éprouve avant d'y prendre part (1Co 11,28-29), pour
être trouvé revêtu de l’habit de noces quand le Roi viendra « voir les
convives ».
Lui qui, dès à présent, « subvient à tous nos besoins
selon sa richesse dans le Christ Jésus », nous comblera alors au-delà de
toute espérance. « Gloire à Dieu notre Père pour les siècles des siècles ! »
Textes
Première Lecture: Is 25,6-9
Psaume: Ps 23/22 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Vingt-neuvième dimanche
Introduction
Des
rois et des reines, quelques grands hommes
d’état sont inscrits au « Catalogue des saints ». Parmi eux, il s’en
trouve peu qui appartiennent à l'histoire moderne : l'Église en effet ne
se hâte pas de procéder à la canonisation de telles personnalités, même
admirables. Affrontés à des situations complexes, à la diversité des opinions religieuses et autres, à des contraintes de tous ordres
qu’ils ne peuvent maîtriser, les responsables politiques – d'aujourd'hui surtout
– sont amenés à prendre des décisions
qui, parfois, s’écartent plus ou moins de l'idéal évangélique. En tout cas,
pour eux comme pour les plus humbles, le jugement de l'Église porte uniquement
sur ce qu'on appelle « l’héroïcité des vertus ». Mais il est arrivé
que, le voulant ou non, un « roi » a été en son temps, un instrument dans
les mains de Dieu. On le constate après coup : c’est ainsi qu’Isaïe évoque
l’action du « roi Cyrus », sans toutefois oublier de rappeler que
Dieu est, seul, le véritable Seigneur.
Il faut donc se garder de prendre qui que ce
soit pour un véritable « homme providentiel » auquel serait due une
soumission aveugle. L’estime légitimement portée à un détenteur du pouvoir
impose même une vigilance et une attitude sainement critiques. Ainsi ont toujours
agi les prophètes. À qui prétendait établir le règne de Dieu, ils disaient :
« Non ! Tu n’es pas le Messie qui doit venir instaurer le Royaume
promis ! » Il faut donc éviter toute confusion entre le ciel et la
terre, entre la cité terrestre et celle d’en haut.
Une autre erreur consiste à dire : « Il
faut choisir : Dieu ou César ; ce qu’on donne à l’un est retiré à l’autre ».
Cette manière de parler est rarement dénuée d’arrière-pensées. On invoque les
devoirs dus à César pour se soustraire à ceux qu’on doit à Dieu, ou
inversement, quand ce n’est pas
alternativement, au gré des convenances, des intérêts du moment. Jésus est
formel : « Rendez à César ce qui est à César ». Aussi l’Église
a-t-elle toujours enseigné les devoirs civiques et prié pour les gouvernants, même
quand ils la persécutaient. Mais le Seigneur est le seul à qui le culte est
dû.
Ceci étant bien entendu, chacun doit œuvrer avec
courage et confiance pour mettre la foi, l’espérance et la charité au cœur du
monde, tel qu’il est, avec la conviction que l’Évangile est « puissance et
action de l’Esprit Saint ».
Les Textes
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Trentième dimanche
Introduction
Les cinq premiers livres de la Bible :
- Genèse (Gn) <-
בראשׁית Bereshit (Au commencement)
- Exode (Ex)
<- שׁמות Shemot (Les Noms)
- Lévitique (Lv)
<- ויקרא Vayyiqra (Il
appelle)
- Nombres (Nb)
<- במדבר Bemidbar (Dans le
désert)
- Deutéronome (Dt)
<- דברים Devarim (Les
paroles)
constituent le
Pentateuque, un ensemble qui est le fruit d’une histoire littéraire longue et
complexe ; on le désigne en hébreu sous le nom de תּורה Tôrâh,
la « Loi », ou « Loi
mosaïque ».
Dans l’état actuel du
Livre de l’Exode, le texte des « עֲשֶׂרֶת הַדִּבְּרוֹת
Dix Paroles », ou « Décalogue », est suivi de ce qu’on nomme aujourd’hui
le « Code de l’Alliance », tous les commandements :
-
613 en tout:
-
365 négatifs,
-
248 positifs.
Ces prescriptions –
rédigée bien après la sortie d’Égypte et destinées à réglementer la vie de
l’homme juif dans sa famille, sa société, et tout son environnement – précisent
le sens et les applications concrètes des commandements gravés sur les « Tables
de la Loi » données au Sinaï ; elles sont donc elles aussi présentées
et considérées comme transmises par Moïse sur l’ordre de l’Éternel (voir cette page). Cette origine divine les distingue des codes élaborés par
les hommes. Partie intégrante de la charte fondatrice du peuple de Dieu, elles
n’en reflètent pas moins l’expérience qui a fait prendre meilleure conscience
de l’extension et de la portée la première législation.
En les édictant, le Seigneur se révèle proche des siens. Il
s’adresse à chacun en particulier, au singulier, en lui disant « Tu ».
Il veille personnellement sur l’application de ces préceptes, ceux, en
particulier, qui concernent la conduite à l’égard des
pauvres et des faibles, car la
manière de les traiter l’atteint directement. Vraiment, l’Éternel est tout le
contraire d’un législateur froid et lointain ! Corrélativement, l’obéissance
à cette Loi et la conduite qu’elle induit excluent toute forme et tout esprit
de ce légalisme qui menace sans cesse, et que Jésus a combattu avec une force
nouvelle.
« Tout ce qu’il y a dans
l’Écriture, dans la Loi, et les Prophètes » dépend du double
commandement de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain. Il bannit toute compréhension
et toute application concrète des prescriptions de la Loi qui lui seraient
contraires. L’amour de Dieu et du prochain est le critère ultime de la
conduite conforme à la volonté de Dieu : il s’applique toujours et en toutes
circonstances, sans concession.
On ne marchande pas avec les exigences de l’amour !
Croire,
c’est accueillir, « avec la joie de l’Esprit Saint », la parole du « Dieu
vivant et véritable » portée à son parfait accomplissement par le Fils, le
Verbe fait chair, et la traduire en actes dans toutes les circonstances de la
vie quotidienne.
Les Textes
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Trentième-et-unième dimanche
Introduction
La recherche des honneurs guette quiconque se trouve investi
d’une autorité – si minime soit-elle ! Elle est souvent d’un
ridicule prononcé, dont ne se rendent pas compte ceux qui en donnent le
spectacle.
Jouant de leur
invraisemblable inconscience, certains, par moquerie, multiplient à leur égard
les marques de déférence les plus outrées.
D’autres mettent à profit ce goût
immodéré des manifestations publiques de considération – par simple flagornerie ou (et ?) pour en
tirer avantage : « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ».
Enfin, marques extérieures de déférence et appellations
honorifiques sont souvent recherchées pour faire sentir aux autres leur état (réel
ou non !) de subordonnés, d’inférieurs, quand ce n’est pas pour se donner
à soi-même une illusion d’autorité – voire d’« existence » !
Rien de tout cela ne doit avoir cours dans le peuple de
Dieu.
Les prêtres, rappelle en terme vigoureux le prophète
Malachie, ont pour mission de faire reconnaître par tous la gloire du « Seigneur
de l’univers », « le grand Roi », en tout premier lieu par la fidélité
de leur vie à l’Alliance. S’ils manquent à ce devoir, ils sont une occasion de
chute pour beaucoup. Dieu, alors, n’accepte pas le « culte » qu’ils
lui rendent.
De son côté, le peuple encourt semblable condamnation quand,
oubliant que Dieu est le Père commun de tous, il profane son Nom par ses
dissensions.
Jésus, à son tour, a eu des paroles très dures à l’égard
de certains scribes et pharisiens, qui recherchaient les honneurs mais oubliaient
leurs devoirs, qui chargeaient les autres de fardeaux qu’eux-mêmes ne
remuaient pas du bout des doigts. Saint Matthieu rappelle ces invectives du Seigneur
pour mettre en garde les dirigeants des communautés chrétiennes. Aux fidèles
scandalisés par de telles conduites, il rappelle ce que disait le Seigneur :
« Faites ce qu’ils disent, mais n’agissez pas comme eux ! » – «
Gardez-vous de les flatter en leur donnant des titres qui n’appartiennent qu’à
Dieu, seul. Aidez-les à se comporter en serviteurs, comme vous devez tous
l’être les uns pour les autres ».
Ce n’est pas sur des hommes que repose la foi, mais sur la
Parole de Dieu, écrit saint Paul – qui reste le modèle accompli de l’apôtre, du
prédicateur de l’Évangile, du disciple qui consacre sa vie au service de tous.
Dans l’Église comme dans la vie, nous sommes tous responsables
les uns des autres.
Les Textes
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Trentième-deuxième dimanche
Introduction
Lors du
repas de la dernière Pâque, Jésus a laissé à ses
disciples le signe du pain et du vin, en gage de participation au festin qu’il
prendra avec eux dans le Royaume de son Père (Mt 26,29). Aussi chaque
Eucharistie est-elle célébrée dans l’attente de l’avènement de Jésus Christ notre
Sauveur, de son retour dans la gloire –
que l’assemblée eucharistique ne se
lasse pas d’appeler : « Viens, Seigneur Jésus ! »
Le mystère de cette venue, vers laquelle tend tout l’Histoire
du Salut comme vers son accomplissement, est l’objet particulier de la liturgie
des 32ème et 33ème dimanches du TO de l’année A.
Une telle insistance s’avère particulièrement d’actualité. Aujourd’hui,
en effet, on parle beaucoup des risques de destruction de notre planète. En
revanche, la perspective du retour du Seigneur semble moins préoccuper les chrétiens,
même pratiquants: il en va comme de la mort, dont nul ne connaît ni le jour ni
l’heure : « On s’y préparera le moment venu ! »
« C’est insensé ! » enseigne la parabole des
dix demoiselles d’honneur qui devaient prendre part au cortège d’une noce. Puisque
nous ignorons quand l’Époux arrivera, il faut se tenir prêts pour l’accueillir quand
il viendra. Lorsque retentira le cri qui l’annoncera, il sera trop tard pour chercher
à acquérir ce qui nous manquerait pour le rejoindre, et personne ne sera en
mesure de nous le procurer. Loin d’engendrer anxiété, énervement, ou contraire
découragement et somnolence, l’attente, quelle qu’en soit la durée, doit
stimuler notre vigilance et notre prévoyance. Comme la Bien-aimée du Cantique des cantiques a le cœur aux
aguets pour déceler, au moindre signe, l’approche de son fiancé, ainsi doit être
le croyant.
Chaque célébration de l’Eucharistie anticipe
sacramentellement cette grande procession en marche en marche vers la salle des
Noces. Du reste, le Seigneur est déjà là : on l’accueille en recevant le
Pain et la Coupe, sacrement de la Vie éternelle et du Royaume nouveau. Ceux qui
nous ont devancés dans la mort se préparent aussi. Avec nous, et comme nous,
ils attendent, dans l’espérance, le signal donné par la voix de l’archange :
« Voici l’Époux ! Sortez à sa rencontre ! »
Alors les portes de la salle du Festin s’ouvriront,
et nous entrerons tous ensemble pour célébrer dans la joie les Noces de l’Agneau.
Les Textes
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Trentième-troisième dimanche
Introduction
Au terme du Temps
ordinaire de l’année A, la liturgie évoque à nouveau le Retour du Seigneur, cet Événement vers lequel tend toute l’histoire du Salut. Voici la parabole des
talents.
Si
elle est à l’origine de l’adage « chacun doit faire fructifier ses talents »,
il faut néanmoins comprendre qu’il s’agit ici de tout autre chose que de la
mise en valeur de qualités humaines innées ou acquises.
Un talent représentait le salaire
de quelque six mille journées de travail - environ vingt ans ! (voir à cette page, note sur Mt 18,25).
Même le serviteur à qui il en est confié un seul reçoit donc un capital énorme.
Cette somme a une signification qu’on pourrait dire « théologique ».
Elle évoque, en effet, le trésor inestimable de la grâce que Dieu distribue à
chacun « selon ses capacités ».
L’enfouir sous prétexte de ne pas le
perdre, n’oser prendre ni initiative, ni risque, ni la moindre responsabilité pour
le faire fructifier, c'est se comporter en esclave peureux, c’est donc offenser Dieu en le
considérant comme un maître impitoyable.
Or ce n’est pas de tels serviteurs que
Dieu veut.
Ses dons témoignent de sa confiance. Lorsqu’il reviendra, le Seigneur
demandera donc à chacun de lui rendre compte de sa gérance.
Ceux qui se
présenteront alors devant Lui en tenant dans leurs mains le résultat de
leurs efforts recevront infiniment plus : ils entreront dans la joie de
leur Maître.
Croire, être fidèle serviteur de Dieu et vrai disciple du Christ,
c’est aussi agir : tel est, en définitive, l’enseignement de cette
parabole.
Ce que Dieu nous demande est d’ailleurs
« peu de chose » : la fidélité à sa grâce de chaque jour dans l’accomplissement
des tâches quotidiennes. Le Livre des Proverbes donne en exemple « la
femme vaillante ».
Il
s’agit d’un exemple, et non d’une prise de position – encore moins d’un oracle –
sur la condition féminine.
Il doit faire réfléchir ceux qui
se croiraient supérieurs aux autres, ou davantage dignes d’éloge de la part de
Dieu, à cause de leur position et de leurs fonctions dites « supérieures »
dans la société ou l’Eglise. Se comporter, là où on est, en « bons et
fidèles serviteurs », c’est vivre en « fils et filles de lumière »
qui n’ont rien à craindre de la venue du Seigneur.
La célébration de la
liturgie, de l’Eucharistie surtout, nous assure de sa Présence cachée dans la
nuit de ce monde, et ravive sans cesse notre désir de son Retour, qui comblera
notre attente au-delà de toute espérance.
Les Textes
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